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Le grand marché de l’attention

L’ouvrage de Bruno Patino (La civilisation du poisson rouge – petit traité sur le marché de l’attention, éd. Le livre de poche) débute en pointant du doigt une analogie troublante.

Celle entre le temps d’attention estimé d’un poisson rouge (8 secondes) et celui des enfants qui ont grandi avec les écrans connectés, ceux que l’on appelle les « millenials » (9 secondes).

Dans un monde ultra-connecté, cette difficulté à focaliser son attention dans la durée nous concerne tous, petits et grands.

Elle peut être à l’origine de nombreux problèmes : fatigue, stress, anxiété, troubles de l’apprentissage, etc.

Encouragée et accentuée par des sollicitations permanentes durant nos temps de connexion (de plus en plus longs) à Internet, elle constitue aussi la base d’un système économique puissant qui brasse des milliards d’euros : le grand marché de l’attention.

Pour les principaux acteurs de ce marché (Google, Facebook et consorts), l’enjeu est de garder les utilisateurs connectés le plus longtemps possible.

Et cela fonctionne à merveille, comme en témoignent l’ultra-présence des smartphones dans nos quotidiens ou le temps passé par nos ados – et pas uniquement – sur les réseaux sociaux et les services ou applications diffusant des vidéos en streaming (Youtube, Tik Tok, etc.).

Science de la captologie, dark design, brain hacking – Bruno Patino nous plonge dans les rouages implacables du nouveau capitalisme numérique, tout en retraçant l’histoire de la grande toile et l’utopie humaniste soutenue par ses inventeurs et précurseurs.

Son récit documenté et passionnant agit comme un électrochoc, et, loin de rejeter « la civilisation numérique », nous invite à en reprendre le contrôle.

Il constitue également un excellent support pour échanger en famille sur les pratiques de chacun vis-à-vis des écrans.

A mettre entre les mains de tous les (pré-) ados !

La civilisation du poisson rouge
Plongée dans les rouages de l’économie de l’attention